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Zoom sur le pilotage analytique en agence d'architecture

Par Julien Costerg Directeur des opérations - Akuiteo SAS

Modifié le : 4 octobre 2024

Publié le : 21 juin 2018

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Fini le temps où il suffisait de répondre à des concours pour assurer la rentabilité de son agence d’architecture. Le contexte se tend, les acteurs se multiplient et le marché se mondialise, à l’image des monuments français remportés par des concurrents venus des quatre coins du globe. Aujourd’hui, pour assurer la gestion interne d’une agence d’architecture et garantir des résultats, être en mesure d’analyser finement son activité devient indispensable. Explications.

Un nouveau regard sur la gestion interne des agences d’architecture

Si le terme de « pilotage analytique » peut tout d’abord effrayer, il n’a pourtant rien de complexe : il ne fait qu’introduire la notion d’analyse à la gestion interne de votre agence d’architecture. Autrement dit, il consiste à porter un regard méticuleux sur le fonctionnement de votre société et sur le déroulement de vos projets. Une approche qui débute par plusieurs questionnements...

  • Quelles sont les missions réussies ? Et les missions mal réalisées ?
  • Quelles missions vous font perdre de l’argent ou du temps, voire les deux ? Lesquelles vous en font gagner ?
  • Quels sont les maîtres d’ouvrage qui assurent votre pérennité ?
  • Au sein de chaque projet, quelles phases sont profitables ? Lesquelles ne le sont pas ?

Trouver les réponses à ces questions constitue les premiers pas d’une analyse plus mature, systématique et objective de votre activité. C’est une première étape vers le pilotage analytique, cette analyse pointue qui vous permettra d’améliorer le fonctionnement de votre agence.


À lire : Vous occuper de la gestion interne de votre agence d’architecture devient urgent !

Pilotage analytique en agence d’architecture : les axes d’analyse

Plus question d’assurer la gestion interne de son agence d’architecture en regardant ses résultats d’un œil distant. Analyser finement les différents axes qui composent votre activité est désormais clé !

1/ Les projets

Dire que le premier axe analytique touche aux projets, c’est sans doute enfoncer une porte déjà grande ouverte. Vous n’ignorez sans doute pas l’importance d’une telle approche. Néanmoins, il faut le dire, le redire et le répéter encore : pas d’analyse efficace de votre agence sans examen minutieux du déroulement de chaque projet !

  • Combien d’heures passées pour chaque projet ? Quelle marge réalisée par rapport au temps estimé au démarrage ?
  • Quel chiffre d’affaires, révisions d’honoraires incluses ?
  • Quel coût pour la sous-traitance en bureau d’études techniques ?

Il s’agit là d’une étape incontournable, valable pour les projets passés et à venir, qui vous permettra enfin d’évaluer la rentabilité de chacun d’entre eux. Considérez attentivement les ventes (ce que vous facturez à vos clients), la sous-traitance (les prestataires auxquels vous faites appel) et, bien sûr, les coûts internes (architectes, ingénieurs, etc.). Sans ce premier axe analytique, la vue d’ensemble que vous avez de vos projets ne peut qu’être tronquée !

2/ La nature des ouvrages

Certaines agences d’architecture se spécialisent dans un type d’ouvrage : quand l’une est excellente sur les infrastructures – hôpitaux, ponts ou tunnels –, l’autre n’est jamais meilleure qu’en travaillant sur des logements. Mais de nombreuses agences se veulent pluridisciplinaires, allant des infrastructures au résidentiel en passant par des ouvrages d’art.

Il est alors intéressant de déterminer ce que représente chaque type d’ouvrage pour votre agence, et quel est l’impact de cette répartition sur votre fonctionnement. Combien avez-vous de projets de telle nature ? Pour combien d’heures / de jours travaillés ? Avec quelle variation sur cinq ans ? Et sur dix ans ? Pour quelle rentabilité ?

En bref, ne vous arrêtez pas à votre intuition : mettez de véritables mesures sur le papier. Clarifiez les types de projets, les honoraires, l’évolution de la demande... Matérialisez tout ce qui, d’habitude, reste de l’ordre du ressenti !

3/ La répartition entre projets publics et privés

L’axe analytique de la répartition entre public et privé est, lui aussi, d’ordre intuitif. Vu de loin, vous savez évidemment quand vous signez avec l’État et quand vous travaillez avec une société privée.

Cependant, là encore, un besoin de clarification se fait sentir. Il vous faut du tangible, des données à partir desquelles bâtir vos choix futurs. D’autant plus que rien n’est tout blanc ou tout noir : les partenariats public / privé sont de plus en plus fréquents et tendent à brouiller les lignes.

Posez-vous les bonnes questions : pour un même projet, consacrez-vous systématiquement plus de jours de travail à un certain type de maître d’ouvrage, public ou privé ? Au moment de répondre à un concours et de réaliser une esquisse, avez-vous besoin de passer plus de temps sur une demande émanant du public, du privé ou d’un partenariat ? Notez toutes les réponses afin d’y avoir facilement accès par la suite.

4/ Les différentes phases d’un projet architectural

Le phasage MOP impose le découpage des projets architecturaux publics en un certain nombre d’étapes – études d’esquisse, études d’avant-projet (avant-projet sommaire, avant-projet définitif, demande de permis de construire...), études de projet, etc.

Ce phasage s’est tellement bien intégré aux habitudes de travail des agences d’architecture que vous l’appliquez peut-être dans le cadre de projets privés. Bien sûr, ce découpage vieillissant peut évoluer. D’ailleurs, toutes les agences ne lui sont pas 100 % fidèles. Mais sa philosophie, adaptée à la réalité du métier, peut aussi rester : dans une perspective de pilotage analytique, il est toujours crucial de morceler un projet en plusieurs phases, au moins pour trois raisons.

  • Parce que c’est une demande qui émane du maître d’ouvrage. Celui-ci verse un avancement de phase et veut savoir où en est exactement le projet.
  • Parce que cette méthode permet de mesurer le nombre d’heures nécessaires à la réalisation d’un projet, ainsi que sa rentabilité.
  • Parce que cette approche conduit à mieux mesurer le rendement de chaque phase. Par exemple, cela permet de savoir si les étapes d’études d’esquisse et d’avant-projet – qui ne sont pas toujours rémunérées par les commanditaires lors des concours, alors même qu’elles mobilisent du temps et des ressources importantes – vous font perdre de l’argent ou si elles sont compensées au global, au regard des autres phases.

Cet axe analytique permet d’évaluer, pour chaque étape du processus, le temps passé, le montant des honoraires, les dépenses en sous-traitance et les coûts divers. Par la même occasion, il génère une vue d’ensemble du découpage du projet, clé de voûte d’un examen pertinent de la rentabilité finale !


Pour aller plus loin : Comment une agence d’architecture a intégré un ERP avec succès

Aussi connoté soit-il, le terme « analytique » ne doit pas vous effrayer. Il suppose simplement de poser un regard différent sur la gestion interne de votre agence d’architecture. En croisant tous ces critères issus des différentes axes d’analyse, vous tirerez des enseignements précieux pour votre pilotage stratégique. Et si, finalement, il était plus intéressant de vous concentrer sur un type d’ouvrage plutôt qu’un autre, promesse d’une meilleure rentabilité à terme ?

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