Poste clé dans la vie d’une entreprise, le directeur administratif et financier évolue parfois à distance. On parle alors de DAF externalisé, ou de DAF à temps partagé. Pour en savoir plus sur les enjeux quotidiens d’une telle position, quoi de mieux que d’en discuter avec les principaux concernés ? Nous avons rencontré Laetitia Poilvet, directrice administrative et financière externalisée.
Bonjour Laetitia. Peux-tu nous présenter ton métier de DAF externalisée ?
Tout d’abord, il faut savoir que cela diffère selon chacun : il y a de nombreux directeurs financiers externalisés avec des spécialités différentes, des typologies de clients et d’organisations variées.
S’il y a un point commun, c’est que tous ces directeurs administratifs et financiers interviennent dans plusieurs entreprises pour leur apporter des compétences pointues en gestion et finance, ce qui passe par une intervention sur-mesure.
Certains exercent également en tant qu’AMOA ou chef de projet sur des missions de déploiement de logiciels comptables ou ERP. Je fais partie de ceux-là !
J’ai choisi cette double casquette car j’aime aussi beaucoup le côté AMOA du projet. Selon moi, on ne peut pas être DAF et vouloir analyser de l’information sans s’intéresser à la manière dont cette information va être entrée, très souvent sans réelle solution de gestion.
→ En savoir plus sur le Groupe DAF à temps partagé de la DFCG dont fait partie Laetitia
En tant que DAF externalisée, quelles sont tes problématiques au quotidien ?
Comme tous les DAF externalisés, j’ai un gros challenge : optimiser mon temps. Une intervention est coûteuse pour les entreprises, qui disposent souvent de peu de budget. Il faut donc absolument être efficace et toujours trouver le meilleur moyen de rentabiliser une mission.
Le deuxième enjeu, c’est de ne pas se laisser embarquer dans tous les projets car je suis DAF, mais aussi parfois un peu coach. Et oui, les dirigeants que je rencontre n’ont parfois personne sur qui se reposer pour des questions de stratégie globale. Il ne faut donc pas oublier les objectifs de la mission, en fonction du budget, pour parvenir à les atteindre.
Dernière problématique, et pas des moindres : la course à la donnée ! Lorsqu’on veut mettre en place des outils de pilotage en entreprise, c’est le nerf de la guerre.
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Justement, un logiciel de gestion peut-il être une réponse à de tels enjeux ?
Bien entendu, il est plus facile d’obtenir une donnée fiable quand l’entreprise dispose d’un ERP. Déjà parce qu’elle est centralisée, puis parce que la même donnée n’existe qu’une fois. On prend moins de risques de faire des erreurs de ressaisie ou d’interface.
Si l’entreprise dispose d’un ERP, la mission du DAF va plutôt s’orienter sur la partie stratégie et accompagnement à la mise en place de l’outil. Cela nous permet de nous focaliser sur des sujets plus stratégiques et intéressants. Et au passage, le chef d’entreprise réduit son budget !
Aujourd’hui, le DAF semble avoir un rôle central dans la transformation digitale d’une entreprise. Tu en penses quoi ?
Je suis totalement d’accord. C’est dommage que dans beaucoup d’entreprises, le DAF ne soit pas associé au projet. On a parfois l’impression qu’il n’est là que pour valider le budget, ou pour le bloquer parce que c’est trop cher !
En réalité, la direction financière est la seule fonction qui a vraiment une vision globale des flux, particulièrement utile pour le cahier des charges. Elle doit être consultée pour déterminer les caractéristiques des données dont on a besoin pour piloter l’entreprise.
La transformation digitale dépend également de la maturité des entreprises. Cela varie d’un secteur d’activité à l’autre, et même d’une entreprise à l’autre. Globalement, il y a du boulot et il est très difficile de généraliser !
Quel usage une DAF externalisée comme toi fait-elle des ERP ?
Je me sers des logiciels de gestion du client pour extraire les données comptables et opérationnelles. Ensuite, je les croise et les analyse dans des outils de business intelligence pour obtenir des tendances. À partir de là, je peux simuler différents scenarii pour les prochaines semaines ou les prochains mois. Et c’est un gain de temps considérable !
Et d’après toi, y a-t-il des processus financiers à digitaliser en priorité ?
Cela dépend des métiers, mais parmi les classiques se trouvent les notes de frais et les factures fournisseurs. Dans les sociétés de service, la clé de la digitalisation, c’est le lien entre devis et facturation, pour que le temps passé se rapproche au mieux du temps prévu. C’est la raison pour laquelle il est extrêmement important de s’équiper d’outils spécialisés, adaptés à son cœur de métier.
Ensuite, le cahier des charges est la clé de tout déploiement. Il doit être précis et challengé, et permettre non seulement de présenter comment on procède aujourd’hui, mais aussi comment on fera après pour s’améliorer.
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Le DAF externalisé ou DAF à temps partagé est un acteur majeur de la digitalisation d’une entreprise. Sa vision des flux et ses compétences pointues font de lui un allié indispensable dans le cadre d’un tel changement. Pour espérer aller vers la croissance (et au-delà), il est important de l’intégrer dès que possible au projet !